Le système d’écriture chinois est une des choses qui effraie le plus ceux qui se lancent dans l’apprentissage du mandarin. Il y a des milliers de caractères à mémoriser, des traits qui semblent complètement aléatoires à respecter.
Les apprendre semble un défi insurmontable pour votre mémoire ? C’est certainement que vous n’utilisez pas la bonne méthode.
Vous avez certainement déjà entendu ça : « pour apprendre les caractères chinois, il faut en écrire des pages ». Si l’écriture est un formidable moyen de mémoriser des choses, et notamment les caractères, la méthode brute consistant à recopier des dizaines de fois la même chose sans rien comprendre au système d’écriture chinois est souvent une perte de temps.
Le tracé des caractères c’est l’étape finale de leur apprentissage, celle qui va permettre de les ancrer définitivement dans votre mémoire. Mais vouloir commencer par la fin, c’est souvent s’épuiser et se décourager.
Pour bien apprendre, il faut comprendre. Les caractères chinois ne sont pas des images et sont encore moins une succession de traits sans signification.
L’un des nombreux mythes qui circulent sur la langue chinoise, est que son système d’écriture est composé d’images. Les Chinois auraient-ils inventé les smileys des milliers d’années avant l’invention des ordinateurs, de l’Internet et des smartphones ?
Cette confusion vient du fait que les premiers caractères étaient des pictogrammes. C’est-à-dire des représentations très schématisées de certains éléments de la vie quotidienne des anciens Chinois.
Encore aujourd’hui, certains caractères chinois sont des pictogrammes, en les regardant il est facile d’imaginer les concepts qu’ils symbolisent.
Par exemple la montagne 山, l’eau 水, le feu火, l’arbre 木, le couteau 刀.
Pourtant, moins de 5% de tous les caractères chinois sont des pictogrammes.
Un autre ensemble de caractères sont les idéogrammes. Ils se rapprochent des pictogrammes par leur simplicité, mais ils évoquent des choses plus abstraites. Là où un pictogramme représente quelque chose de concret, un idéogramme va évoquer quelque chose de moins tangible.
Par exemple, le haut 上, le bas下, le milieu 中, grand 大, etc.
Donc non, les Chinois n’écrivent pas avec des images, mais ils n’écrivent pas non plus avec un alphabet. Il n’y a pas de lettres qui sont assemblées pour former des syllabes. L’écriture chinoise n’est donc pas phonétique (du moins en partie, nous y reviendrons).
Alors que la langue chinoise devenait de plus en plus riche, il a fallu trouver un moyen de créer de nouveaux caractères sans que le système ne devienne trop complexe. L’idée a alors été d’associer des caractères entre eux pour en former d’autres.
Différents éléments constituent alors des briques de base qui servent à créer de nouveaux caractères. On les appelle alors des radicaux.
Par exemple,
– 女(la femme) + 子(le fils, l’enfant) donne 好(hǎo, bien)
– 人(la personne) + 木(l’arbre, le bois) donne 休(xiū, se reposer)
– 手(la main) + 目(l’oeil) donne 看(kàn, regarder)
Il est important de remarquer que les différents idéogrammes sont assemblés au sein d’un même caractère, il ne s’agit pas de deux caractères qui s’écrivent côte à côte. L’ensemble doit s’inscrire dans un carré, ce qui oblige parfois à déformer ou simplifier certains radicaux pour que le caractère reste lisible.
C’est pour ça que dans 休, le radical 人 s’écrit 亻.
Il est étonnant de voir comment les anciens chinois pouvaient faire preuve de créativité en associant différents radicaux pour former des caractères avec un sens nouveau.
On entend souvent que lorsqu’un Chinois voit un caractère pour la première fois, il n’a aucune idée de la façon dont il se prononce. Car les idéogrammes sont uniquement porteurs du sens et non pas de la prononciation.
C’est pourtant très loin de la vérité, car la très grande majorité des caractères (environ 80%) sont composés d’une partie sémantique (qui indique le sens) mais également d’une partie phonétique (qui indique le son).
Regardons par exemple le caractère 妈(mā, maman). Il est composé du radical de la femme 女(nǚ) et du radical du cheval 马(mǎ). Le cheval n’apporte ici absolument rien pour le sens, il n’est présent que pour la prononciation.
En revanche, il est important de remarquer que le ton du caractère peut changer par rapport à celui de sa partie phonétique. Si 马 se prononce au troisième ton, 妈 se prononce au premier.
Lorsqu’un caractère est composé d’une partie sémantique et d’une partie phonétique, cette dernière est souvent placée à droite. Mais ce n’est pas systématique, surtout pour les caractères dont les radicaux sont empilés verticalement.
Par exemple :
– 花(huā, fleur) est composé de 艹(cao, plante, herbe) et de 化(huà). La composante phonétique est en bas.
– 想(xiǎng, penser, désirer) est composé de 心(xīn, coeur) et de 相(xiāng). La composante phonétique est en haut.
Dans le système d’écriture chinois, il existe 214 radicaux. Les apprendre tous par cœur (ainsi que leur nom) n’est pas vraiment nécessaire. En revanche, il y en a une dizaine qui reviennent souvent et qui peuvent vraiment vous aider à mémoriser les caractères chinois :
亻: la personne, comme dans 你(nǐ, toi)
水, 氵: l’eau, comme dans 河(hé, rivière), 海(hǎi, océan), 洗(xǐ, laver)
火, 灬 : le feu comme dans 灯(dēng, lampe), 灰(huī, cendres)
木 : le bois, l’arbre comme dans 休(xiū, se reposer), 桌(zhuō, table), 椅(yǐ, chaise)
饣:la nourriture, comme dans 饭(fàn, repas), 饿(è, avoir faim)
手 : la main, comme dans 推(tuī, pousser) et 拉(lā, tirer)
目 : l’oeil, comme dans 看(kàn, regarder)
心, 忄: le coeur, comme dans 情(qíng, émotion), 忙(máng, occupé), 想(xiǎng, désirer, penser)
讠: la parole, comme dans 说(shuō, parler), 谁(shéi, qui), 语(yǔ, langue)
口 : la bouche comme dans 吃(chī, manger), 唱(chàng, chanter)
Lorsque vous voyez un caractère que vous ne connaissez pas, regardez-le attentivement afin de le décomposer en éléments de base qui sont immédiatement beaucoup plus faciles à retenir.
Vous pouvez même inventer de petites histoires afin de les retenir.
– Regarder 看(kàn) c’est mettre sa main au dessus de ses yeux pour voir au loin
– Avoir une femme 女 et un enfant 子 est quelque chose de bien 好(hǎo)
– Pour se reposer 休(xiū) une personne 人 se met sous un arbre 木.
Une fois que vous aurez pris cette habitude, mémoriser les caractères deviendra plus facile et même ludique. Ils ne ressembleront plus à des successions de traits mais à quelques éléments de base positionnés les uns par rapport aux autres.
Bien que cela ne semble pas évident au premier regard, l’écriture chinoise est à la fois structurée et logique !
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