Formulaire d'inscription
Grâce à vos indications, nous ferons de mon mieux pour vous aiguiller vers la formule la plus adaptée selon votre niveau, vos attentes ainsi que vos objectifs.
Le plus grand stratège de la Chine ancienne, Zhuge Liang (诸葛亮), est entré dans la légende grâce à un simple coup de bluff. Face à une armée bien plus nombreuse, il fit ouvrir les portes d’une ville vide, s’assit tranquillement sur les remparts et se mit à jouer du qin comme si de rien n’était. L’ennemi, convaincu d’un piège, battit en retraite. Une ruse si brillante qu’elle a traversé les siècles sous le nom de 空城计 (kōng chéng jì, le stratagème de la ville vide).
Cette histoire fascinante a figé pour toujours dans nos esprits une image du caractère 计(jì) : celle du stratagème astucieux, du plan génial qui retourne une situation désespérée. Mais cette gloire éclatante a aussi fait de l’ombre à une autre dimension, plus essentielle encore. Car derrière ces coups d’éclat se cache un sens plus discret et infiniment plus redoutable de 计(jì) : celui du calcul, de l’évaluation objective et de la planification implacable.
Et c’est ce sens là qui, il y a déjà 2500 ans, murmurait le véritable secret de la victoire : non pas l’improvisation géniale, mais le calcul méthodique, froid et rationnel — celui qui permet de savoir si l’on a déjà gagné avant même de livrer bataille.
Quand on pense à 计 (jì), l’image qui surgit en premier est celle de l’astuce géniale, du plan qui change tout au dernier moment. C’est ce sens qui a marqué les esprits, porté par des récits spectaculaires et des stratagèmes légendaires.
Dans la culture chinoise, l’expression la plus célèbre est sans doute 三十六计 (sānshíliù Jì, les trente-six stratagèmes). Ce recueil de maximes, compilé au fil des siècles, illustre à merveille la dimension « ruse » du caractère.
Parmi elles :
声东击西 (shēng dōng jī xī) — « Faire du bruit à l’est pour frapper à l’ouest » : détourner l’attention de l’adversaire pour l’attaquer là où il ne s’y attend pas.
瞒天过海 (mán tiān guò hǎi) — « Cacher le ciel pour traverser la mer » : masquer la vérité par l’évidence même, jusqu’à tromper l’
Ces stratagèmes ne sont pas seulement des astuces militaires. Ils incarnent une vision du monde où l’intelligence rusée peut renverser les rapports de force.
Aucune figure n’illustre mieux ce 计 que Zhuge Liang (诸葛亮), immortalisé dans le roman des Trois Royaumes (三国演义, sānguó yǎnyì). Son fameux stratagème de la ville vide est l’exemple parfait : d’un simple bluff, il fit reculer une armée entière.
L’histoire est devenue un mythe, célébrant la victoire de l’esprit sur la force brute. Zhuge Liang est encore aujourd’hui vénéré comme le modèle de l’intelligence stratégique, l’homme capable de transformer un désastre annoncé en triomphe éclatant.
Ce 计 de la ruse nous fascine, car il nourrit l’imaginaire : le coup de poker, l’idée de génie qui sauve la situation in extremis. Mais il est aussi trompeur. Car si les stratagèmes spectaculaires font de belles histoires, ils restent par nature incertains, risqués, dépendants du hasard et du contexte.
Les grands philosophes et stratèges chinois l’avaient bien compris : la ruse est une arme brillante, mais fragile.
Derrière l’éclat des stratagèmes et des coups de bluff se cache le sens le plus profond de 计 (jì) : celui du calcul. Ici, pas de magie ni de miracle, mais une évaluation froide, méthodique, presque scientifique.
Dans son traité 《孙子兵法》 (Sūn Zǐ Bīngfǎ, L’Art de la guerre), le maître stratège Sun Zi (孙子) remet les choses au clair : la vraie supériorité ne vient pas d’une idée géniale sur le champ de bataille, mais d’une préparation minutieuse avant même que le premier coup d’épée ne soit porté.
Pour Sun Zi, gagner, c’est déjà avoir fait son 计 : un calcul complet de ses forces et de celles de l’ennemi. Si le calcul est favorable, la victoire est certaine. Si le calcul est défavorable, l’échec est tout aussi prévisible. Tout le reste n’est qu’illusion.
Sun Zi commence par cinq piliers pour analyser une situation :
道 (Dào) — la Voie : la légitimité de la cause, la cohésion du peuple.
天 (Tiān) — le Ciel : les conditions climatiques, le bon timing.
地 (Dì) — la Terre : le terrain, les distances, la logistique.
将 (Jiàng) — le Général : les qualités du commandant.
法 (Fǎ) — la Loi : la discipline, l’organisation, la structure.
Sur cette base, Sun Zi propose une série de questions précises pour comparer deux camps :
1. Qui a la cause la plus juste (道) ?
2.Quel général est le plus compétent (将) ?
3.Qui bénéficie du meilleur terrain et des meilleures conditions naturelles (天/地) ?
4.Où la discipline est-elle la plus stricte (法) ?
5.Quelle armée est la plus nombreuse et la plus forte (兵众) ?
6.Quels soldats sont les mieux entraînés (士卒) ?
7.Où les récompenses et les punitions sont-elles les plus justes (赏罚) ?
Ces sept critères forment une grille d’analyse implacable. Et Sun Zi va jusqu’à dire : « Celui qui fait beaucoup de calculs (多算, duō suàn) gagne. Celui qui en fait peu perd. Sans calcul, pas de victoire. »
Autrement dit, il ne s’agit pas de s’en remettre à la chance ou à un coup de génie, mais de réaliser un diagnostic objectif. Les stratèges chinois avaient inventé, il y a plus de 2500 ans, une méthode qui ressemble à s’y méprendre à ce que nous appelons aujourd’hui une analyse SWOT : évaluer ses forces, ses faiblesses, ses opportunités et ses menaces.
La philosophie de Sun Zi est limpide :
On ne se bat que si l’on a déjà gagné dans le calcul.
Si le calcul est défavorable, la meilleure stratégie n’est pas d’improviser une ruse… mais de patienter, se renforcer et attendre le moment où le calcul basculera en sa faveur.
Le caractère 计 (jì) nous tend en réalité un miroir. Deux voies s’y reflètent :
La ruse (计谋, jìmóu / 妙计, miàojì) : séduisante, brillante, souvent racontée dans les récits historiques et les romans. C’est la voie du bluff, du coup de poker, de l’idée géniale qui retourne la situation au dernier moment. Elle fascine parce qu’elle offre du spectacle… mais elle repose sur l’imprévu et la prise de risque.
Le calcul (计算, jìsuàn / 计划, jìhuà) : moins glamour, moins « romantique ». C’est la voie de la patience, de l’analyse froide et de la planification rigoureuse. Elle ne fait pas de belles légendes, mais c’est elle qui construit les victoires durables.
Ce dilemme n’est pas réservé aux champs de bataille de l’Antiquité. Nous le rencontrons tous les jours :
Dans un projet professionnel : miser sur la ruse, c’est espérer trouver une idée miracle pour attirer des clients. Miser sur le calcul, c’est analyser ses ressources, évaluer son marché, planifier méthodiquement et avancer seulement lorsque tout est solide.
Dans les études : se fier à la ruse, c’est prier pour « tomber sur le bon sujet ». Se fier au calcul, c’est répartir son temps, identifier les points faibles, réviser de façon régulière et s’assurer que rien n’est laissé au hasard.
Dans la vie personnelle : la ruse, c’est improviser et espérer que tout se passera bien. Le calcul, c’est anticiper, prévoir, et se donner les moyens d’agir avec lucidité.
Le véritable enseignement de 计 est donc simple et puissant :
Le succès durable ne vient pas d’un tour de magie.
Il est le fruit d’une évaluation lucide, d’une préparation minutieuse et d’une action rationnelle.
Sun Zi nous l’avait déjà murmuré il y a 2500 ans : 多算胜,少算不胜 (duō suàn shèng, shǎo suàn bù shèng) — « Celui qui calcule beaucoup gagne, celui qui calcule peu ne gagne pas. »
Si 计 (jì) a traversé l’histoire comme un concept stratégique, il est aussi incroyablement présent dans le chinois d’aujourd’hui. Dans presque tous les mots où il apparaît, il garde son idée centrale : compter, mesurer, planifier, évaluer. Qu’il s’agisse de chiffres bien concrets ou d’astuces plus abstraites, il nous rappelle toujours que penser, c’est calculer.
Voici quelques mots essentiels à connaître :
计算 (jìsuàn) — calculer
请你帮我计算一下成本。 Qǐng nǐ bāng wǒ jìsuàn yíxià chéngběn. → Aide-moi à calculer le coût.
Peut aussi avoir un sens figuré : « être calculateur ».
他很会计算。 Tā hěn huì jìsuàn. — Il sait très bien calculer / il est très calculateur.
计划 (jìhuà) — plan / planifier
我们先做一个详细的计划。 Wǒmen xiān zuò yí ge xiángxì de jìhuà. → Faisons d’abord un plan détaillé.
你的计划是什么? Nǐ de jìhuà shì shénme ? → Quel est ton plan ?
会计 (kuàijì) — comptabilité / comptable
Ici, 会 (kuài) signifie « rassembler, compiler ». Le comptable est littéralement « celui qui rassemble et calcule ».
统计 (tǒngjì) — faire des statistiques
这些数据已经统计好了。 Zhèxiē shùjù yǐjīng tǒngjì hǎo le. → Ces données sont déjà compilées.
预计 (yùjì) — prévoir
明天预计有小雨。 Míngtiān yùjì yǒu xiǎoyǔ. → On prévoit de petites pluies demain.
估计 (gūjì) — estimer
我估计他今天不会来。 Wǒ gūjì tā jīntiān bú huì lái. → J’estime qu’il ne viendra pas aujourd’hui.
妙计 (miàojì) — idée de génie
这真是个妙计! Zhè zhēn shì ge miàojì ! → Ça, c’est un plan génial !
诡计 (guǐjì) — ruse trompeuse, stratagème sournois
(诡 = sournois, trompeur) → le côté sombre de 计.
计时 (jìshí) — chronométrer, compter le temps
Avec un seul caractère, vous tenez un fil rouge qui relie des notions très variées : de la comptabilité aux prévisions météo, de l’idée de génie à la ruse sournoise. C’est ça, la magie du chinois : apprendre un caractère, c’est ouvrir une famille entière de concepts, tous reliés par un noyau de sens.
Derrière l’éclat des ruses légendaires se cache donc la vraie force de 计 (jì) : l’art de substituer au coup de poker la puissance du calcul raisonné. Cette dualité est le cœur même d’une sagesse pratique qui nous enseigne que la victoire, qu’elle soit militaire, professionnelle ou personnelle, se construit bien en amont, sur la table à dessin de la réflexion.
Cette richesse s’incarne dans la langue elle-même, autant de façons de nous rappeler que réussir, en chinois comme dans la vie, c’est savoir compter, anticiper et agir avec lucidité.
C’est précisément cette logique que nous cultivons chez Top Chinois. Notre mission va au-delà de vous apprendre à parler une langue : il s’agit de vous donner les clés pour penser avec elle, pour anticiper, planifier et réussir, un caractère à la fois.
Lire aussi : 99% des Occidentaux ne maîtrisent pas ce mots chinois
Si vous êtes intéressé par l´apprentissage du chinois, vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous pour connaître notre cours de chinois 😉
Vous pourriez aussi apprécier ces articles :
Merci beaucoup ! Nous avons bien reçu votre demande d’inscription, notre équipe reviendra vers vous. A très vite !
Grâce à vos indications, nous ferons de mon mieux pour vous aiguiller vers la formule la plus adaptée selon votre niveau, vos attentes ainsi que vos objectifs.
Laisser un commentaire